Etudes et Sport de haut niveau, le combo gagnant de Nathan
L’Ecole d’Economie de la Sorbonne a la chance de compter parmi ses étudiants, des athlètes de haut niveau. Entre les entraînements et les compétitions d’un côté et les cours d’économie en troisième année de licence de l’autre, Nathan Bailly mène de front sa carrière de sportif et ses études. Un challenge au quotidien.
Rencontre.
Une passion dès le plus jeune âge
La passion du jeune sportif né dans le nord de l’Isère ne date pas d’hier. « J’ai commencé le tir à l’âge de 9 ans. J’aimais déjà beaucoup le tir à la carabine à la fête foraine ! »
Il faut dire que depuis son plus jeune âge, Nathan baigne dans un environnement familial sportif. Son père, éducateur sportif qui ne travaille plus dans ce domaine aujourd'hui, connaissait le directeur du club dans lequel le jeune étudiant s’entraîne encore aujourd’hui, le Rhodia Club Tir en Isère.
Nathan est repéré par la fédération en 2017 et est invité à faire des stages avec les espoirs français. Il débute son cursus de sport étude au lycée et bénéficie d'un emploi du temps aménagé. « En seconde, j’étais déjà en sport études. A 16 ans, je suis parti à Lille en internat au CREPS (Centre de Ressources d'Expertise et de Performance Sportive) au pôle junior. J’ai obtenu un baccalauréat scientifique. Mes cours étaient aménagés et facilités. Je n’avais pas de cours d’EPS puisque j’avais mon sport et pour certaines matières, les professeurs se déplaçaient au CREPS. » Depuis l’an dernier Nathan est passé au pôle senior à Paris. Après un bac S, il suit d'abord une licence de sciences exactes avant de choisir la licence ESM.
Etudes et sport : un défi possible grâce à l’accompagnement des universités
Grâce à son statut de sportif de haut niveau reconnu par l'Université de Lille, Nathan bénéficie à la fois d'aménagements d'études et d'examens et dispose des équipements, stands de tir, entraîneurs, préparateurs, médecins… proposés par le CREPS. Malgré son double projet - sport de haut niveau et études - il choisit de faire une licence classique en 3 ans.
Quand on lui demande s’il n’est pas trop difficile de concilier études et sport de haut niveau, le champion répond : « Les universités sont très volontaires pour aider les sportifs. Nous avons des aménagements, nous pouvons être exemptés de contrôles continus ou de partiels, nous avons aussi des notes bonus pour notre activité physique. En contrepartie, nous représentons l’université, nous cédons notre image dans le cadre du droit à l’image individuel et participons à des conférences ou des interviews. »
C’est dans ce cadre que Nathan représente l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne lors des championnats universitaires. Ayant intégré l’INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) à la rentrée 2023, il effectue actuellement sa troisième année de licence d’économie et fait partie des étudiants de l’Ecole d’Economie de la Sorbonne.
La vie d’athlète de haut niveau
Les semaines de ce champion sont bien remplies entre les entraînements de tir et les séances de préparation physique et mentale. « Une semaine type comporte 27 heures de cours à l’université, 15 heures d’entraînement de tir et 3 heures de préparation physique. »
Concernant son sport, Nathan précise que « le tir sportif a une dimension mentale prépondérante, je dirais que cela représente 60 % de mental et 40 % de physique. Côté physique, cette discipline nous oblige à rester longtemps dans des positions statiques contraignantes qui ne sont pas naturelles. Les entraînements, notamment le travail de gainage et de musculation du dos ainsi que le cardio pour réguler le rythme cardiaque, sont primordiaux. » Et pour cause, une compétition de tir dure entre 1h15 et 1h45. L'épreuve à 10m consiste en 60 coups debout en 1h15, tandis que l'épreuve 50m consiste en 20 coups par position (genou, couché, debout) en 1h45.
Palmarès
Malgré un rythme de vie effréné, les efforts de l’étudiant en économie semblent avoir payés. Les deux titres européens de Nathan sont le début d’une longue série. Après le bronze en Coupe du monde à Zuhl (Allemagne) en juin 2022, le Nord-Isérois, spécialiste du 50 mètres, s’était classé en 10ème position à Lima au Pérou et avait remporté l’argent par équipe.
« En 2023, j’ai remporté mon titre de champion de France universitaire. J’ai été champion d’Europe en titre en individuel et en équipe en 2022 et médaillé de bronze en coupe du monde la même année en carabine 50 mètres 3 positions. »
Un avenir tourné vers les politiques publiques
Nathan a déjà une idée bien précise de ce qu’il souhaite faire l’an prochain et dans les années à venir. « J’ai pour projet de poursuivre avec un master politiques publiques à sciences po ou à l’Université Paris 1. Travailler ensuite dans l’évaluation des politiques publiques me plairait beaucoup. J’aimerais participer par exemple à mesurer l’impact et l’efficacité sur le terrain d’un dispositif au sein d’une collectivité et mener des négociations… J’ai pour projet d’intégrer ensuite, l’INSP, l’Institut national du service public. »
Le jeune sportif doit d’abord valider sa licence d’économie et aimerait effectuer son stage au ministère des sports auprès duquel il a candidaté. « Dans le cadre de mon rapport de stage, je dois en amont effectuer une étude documentaire que j'ai décidé d'orienter sur l'impact économique des JO. » Une manière pour l’athlète de lier ses études au sport.
« Ce qui me plait aussi c’est d’intervenir au niveau local. En juin, je ferai des interventions dans les lycées sur les journées olympiques. »
Les conseils d’un champion
Le médaillé de tir à la carabine n’est pas le seul à conjuguer études et sport de haut niveau. Pour les étudiants qui n’osent pas se lancer de peur de ne pas pouvoir tout concilier, Nathan répond : « Il faut leur dire que c’est possible. Ces étudiants ne doivent pas hésiter à prendre des initiatives, échanger, questionner... Heureusement à l'université, il existe de nombreuses aides pour les étudiants sportifs, ce qui rend le défi accessible à tous ! Le plus important pour réussir à tout concilier est de faire preuve de rigueur, de détermination et d’une bonne organisation. Savoir gérer ses échecs est aussi très important. Ce sont des choix à faire qui, de fait, ne laissent que très peu de place pour les imprévus. »
Il poursuit : « Il y a encore du travail à faire pour optimiser ce double projet études et sport de haut niveau, le système n’est pas encore optimal mais c’est un enjeu qui prend de plus en plus de place dans l’espace public. »
Cet étudiant au parcours atypique et engagé politiquement est aussi un adepte de la course à pied et aime lorsqu’il en a le temps, visiter les musées. « C’est important pour son équilibre d’avoir des moments en dehors des études et de sa vie d’athlète, même s’ils sont rares. »
Nul doute que ce jeune champion va continuer son ascension et qu'un bel avenir l'attend professionnellement. Nous lui souhaitons beaucoup de beaux projets et des médailles !